À quoi tient le succès d’un film ? Un excellent scénario, un acteur génial, et souvent une musique emblématique. Le Joker de Todd Phillips ne faillit pas à la règle. L’une des scènes déjà culte du film voit la transformation du personnage d’Arthur Fleck en Joker. Cette séquence clippée est accompagnée d’une chanson emblématique de la culture pop américaine : Rock and Roll Part 2 du Britannique Gary Glitter. On y voit Joaquin Phoenix entamer une danse quasi chamanique dans les escaliers emblématiques de son quartier du Bronx. La scène a marqué les spectateurs, mais aussi sa musique entraînante.
Les plus vieux ont bien sûr reconnu cette musique familière aux oreilles des amateurs de sports aux États-Unis. Sorti en single en 1972, et rapidement dans le top 10 des charts US, la chanson est devenue l’hymne d’une équipe de hockey de ligue mineure avant de devenir celui des Colorado Rockies en NHL. Puis la chanson est devenue populaire dans toutes les franchises de Denver, Broncos en NFL et Nuggets en NBA. De là, le morceau a gagné les stades ou salles de sport outre-Atlantique, devenant même The Hey Song pour le grand public.
Si le Joker n’en finit plus de dominer le box-office dans le monde entier, il le doit le plus souvent à un jeune public qui a découvert la chanson. Résultat : ce « son » a décollé sur la plateforme musicale YouTube et autres sites d’écoute comme Spotify. Certains petits malins se sont même amusés à remonter un clip entier sur les images du film. La vidéo a déjà été vue plus de 16 millions de fois sur YouTube depuis sa publication il y a quatre semaines. Un carton.
Mais voilà, « la danse des escaliers du Joker » n’a pas fait que des heureux. Pire, cette chanson fait même polémique. Outre-Atlantique, de nombreux appels au boycott du long-métrage ont été lancés à cause de cette musique.
Gary Glitter condamné pour pédophilie plusieurs fois
La raison de ce déchaînement anti Joker ? L’identité de l’auteur de Rock and Roll Part 2. Ce morceau est écrit et chanté par Gary Glitter, star du glam rock dans les « seventies » mais qui a aussi été condamné à 16 ans de prison en 2015 pour pédophilie en Grande-Bretagne, dans le cadre de l’affaire Jimmy Saville. Gary Glitter est un récidiviste. Dans les années 90, déjà, il avait été condamné à quatre mois de prison pour téléchargement de pédopornographie. Il a ensuite passé deux ans derrière les barreaux au Viêt Nam, où il avait été condamné pour abus sexuel sur deux mineures, âgées de 10 et 11 ans.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes se sont indignés qu’une production hollywoodienne de cette envergure puisse « financer » un criminel par le biais des droits d’auteur. Une polémique née outre-Manche, mais qui a rapidement traversé l’océan.
[...]
En 2014, Billboard avait révélé que la chanson rapportait encore 250 000 dollars (223 364 euros) en royalties par an. Selon le LA Times, la production du Joker a probablement payé entre 100 000 et 200 000 dollars pour pouvoir utiliser la chanson. Une chose est sûre : la polémique n’aura pas desservi le film au box-office, puisqu’avec 900 millions de dollars récoltés dans le monde en quatre semaines, il file tout droit vers le milliard de recettes. Un record pour un film interdit aux moins de 17 ans.
Lire l’article entier sur leparisien.fr
Gary Glitter en images, ou la carrière d’un pédophile longtemps protégé par l’oligarchie anglaise :
Jimmy Savile et Gary Glitter choisissaient leurs victimes dans le public de jeunes filles en studio :